Dames de chœur et de piques

Pochette disque Ballades des belles et rebelles

Barbara, Anne Sylvestre, Brigitte Fontaine : on a cru longtemps qu'elles étaient les premières à avoir osé écrire et composer de la chanson poétique. Dans ce métier, les femmes, ont toujours eu le rôle d'interprètes. Yvette Guilbert, à la fin du XIXe siècle, a donné ses lettres de noblesses au genre « diseuse », mais elle n'écrivait pas ses chansons. Or, des auteures et des compositrices, il y en avait depuis la naissance de cet art populaire, signataires anonymes dans les veillées paysannes comme dans les salons privés, ou parfois les cabarets (quand elles y étaient admises !).

L'histore de ces artisanes se déroule en scène, chacune venant y raconter l'essentiel de sa vie et chanter une ou deux de ses œuvres. On apprend ainsi que Marceline Desbordes-Valmore, comédienne et chanteuse, n'avait jamais été à l'école, alors que ses vers inspirent encore aujourd'hui Julien Clerc ou Pascal Obispo. Qu'Élisa Fleury, brodeuse et poétesse, fut une figure de goguettes chantantes ouvrières, et Loïsa Puget, compositrice de romances de salon, un modèle imité par les jeunes bourgeoises de son époque. Que Céleste Mogador, danseuse de bals épousée par un amant à particule, devint femme de lettres et directrice de théâtres… et parcticipa à la Commune. Que Louise Michel écrivait paroles et musique depuis l'enfance, ce qui la soutint dans sa condamnation et son exil. Qu'Augusta Holmès, librettiste et compositrice comparée à Wagner, fut stoppée dans son ambition lyrique par la mysoginie des institutions. Que Marie Krysinska, poétesse et pianiste du Chat Noir de Montmartre, en se rendant à pied au cabaret prenait le risque d'être fichée comme prostituée. Que les airs et la poésie profondément enracinés de Marie Noël ont préfiguré la Rive Gauche avec un demi-siècle d'avance.

 

Réalisation : Ordinat'heure - © Chantal Grimm 2009